La raison pour laquelle il est important de suivre ce processus est qu'un changement qui survient à l'étape de l'animation est extrêmement chronophage, et donc coûteux.
Chacune de ces étapes vise donc à minimiser les coûts, ou la frustration engendrée si ces changements ne sont pas réalisables dans le budget prévu.
1. Le script
La première étape consiste en l'écriture du script : la description textuelle de ce qui va se passer dans la vidéo.
Il y a deux manières de mener une vidéo :
- soit on utilise une voix off pour décrire avec précision le déroulement du film, et le visuel est là pour illustrer le propos et l'enrichir
- soit on fait confiance uniquement au visuel.
Vidéo avec voix off
Dans ce cas, le texte à lire est fluide, clair, simple et parle au plus grand nombre, sans mots compliqués ni phrases tarabiscotées.
L'écriture pour une voix off ne ressemble pas du tout à celle d'un livre ou d'un article. Là où un article demande un nombre de mots minimum afin de remplir les cases, un script doit être réduit à sa plus simple expression. C'est la condition pour un film réussi et compréhensible.
Vidéo sans voix off
Lorsqu'aucune voix off n'est prévue, il existe toujours une histoire à raconter et le script sert à décrire avec des mots ce qu'il se passe visuellement.
La narration doit alors être d'une fluidité sans faille, car une histoire sans parole est parfois difficile à suivre.
Déroulement
Une histoire se compose en général de trois parties :
- la description du contexte
- les problèmes qui se posent au sein de ce contexte
- la façon dont ces problèmes sont résolus
Il est important de bien définir le message que l'on va faire passer et son objectif, de connaître le type de personnes à qui l'on s'adresse, et d'adapter le discours et l'environnement visuel à cette catégorie de personnes.
Il est important aussi de se focaliser sur une seule idée pour ne pas perdre le spectateur : on part d'un point A pour arriver à un autre point B.
Le script, s'il est bien fait, détermine 50% de la qualité de la vidéo finale.
Durée optimale
Une durée optimale pour internet est de 2 minutes maximum, mais cette durée diminue au fil des années, en fonction du niveau de sollicitation des internautes.
Une autre conséquence de notre très faible capacité d'attention est que les 10 premières secondes sont cruciales. Donc peaufinez le début de votre script, et tenez en haleine votre auditoire tout au long de la vidéo.
👌 Les vidéos sont comme les blagues : les plus courtes sont souvent les meilleures.
Pour connaitre la durée de votre vidéo quand elle a une voix off, il suffit de vous enregistrer pendant que vous la lisez à haute voix. Il y a de grandes chances pour que votre texte soit beaucoup plus long que la durée visée. La solution n'est pas de le lire plus vite, car vos auditeurs ne vous suivront pas, mais de le raccourcir et de le simplifier.
2. Le storyboard
Le storyboard est la représentation visuelle des idées précédemment décrites dans le script. On valide ainsi visuellement ce que l'on a imaginé (ou pas).
Il permet d'appréhender les problèmes de rythme et de transition, ainsi que la fluidité narrative.
C'est aussi évidemment un livrable nécessaire pour celui qui crée le design final. C'est pour cela qu'il ne faut pas négliger sa qualité.
Pensez aussi au format de votre image : vous raconterez votre histoire différemment en format vertical ou horizontal.
Quant aux outils, je vous conseille le logiciel gratuit Storyboarder, qui vous permet d'importer vos propres images, ou de les dessiner directement dans le logiciel. Il permet d'imprimer le storyboard avec la voix off mais aussi de monter les images en vidéo.
3. L'animatique
L'animatique est le montage vidéo du storyboard, associé à la musique et à l'éventuelle voix off.
Elle est une ébauche de l'animation finale et renseigne sur le rythme global du film. On y détaille les transitions en animant rapidement les images du storyboard.
Cette étape permet de faire les dernières corrections de texte et d'image. Elle est souvent négligée mais pourtant très importante pour une histoire percutante et rythmée.
Ne vous y méprenez pas, le style graphique de votre vidéo n'y changera rien : si l'histoire n'est pas suffisamment bien rythmée, votre film ne rencontrera pas le succès que vous espérez.
4. Les illustrations, ou style frames
Une fois que tout le monde est d'accord sur le rythme, le texte et les idées visuelles, il faut maintenant trouver le style de votre film, choisir les couleurs, les formes, les valeurs,...
Pour cela, on choisit les images les plus représentatives du film parmi les images du storyboard, et on les transforme en de belles illustrations engageantes.
Ce travail est la plupart du temps effectué par un illustrateur ou un designer spécialisé dans les style frames. Quelqu'un qui comprend les couleurs, les formes, les espaces, les contrastes et qui sait mettre en valeur un objet par rapport à un autre.
Le réalisateur assure la direction artistique du projet, en orientant l'illustrateur vers des choix graphiques pertinents et adaptés au projet.
Ce type d'image ne doit pas être confondu avec des "still frame", dont la prononciation est très similaire, mais qui sont plutôt des images tirées d'un film, plutôt que des outils de pré-production.
5. L'enregistrement de la voix off et la musique
La musique et l'ambiance sonore sont des éléments essentiels d'un bon film et il faut en avoir une idée avant de commencer l'animation.
Pour cela, on peut utiliser des musiques existantes, en guise de maquette. Elles ne sont pas utilisées dans la vidéo finale, à moins d'en posséder les droits d'utilisation, mais donnent tout de suite une couleur musicale tranchée.
Le meilleur choix pour une vidéo mémorable et personnalisée est une musique originale composée spécialement pour votre vidéo. Parfois, le budget ne le permet pas, et il faut se rabattre sur de la musique libre de droits, qui a l'inconvénient d'avoir potentiellement déjà été entendue sur beaucoup d'autres vidéos. Dans ce cas, la musique est choisie en amont afin de rythmer au mieux l'animation.
Quant à la voix off, elle est aussi enregistrée en amont par un comédien dont c'est le métier, et dans un studio (ou home-studio). L'animation peut ainsi être calée au mieux avec la voix.
6. L'animation
Nous voici dans le coeur du sujet, la raison d'être de votre projet.
L'animation consiste à donner vie aux style frames.
Pour cela, l'animateur prend les style frames du designer, les adapte à ses besoins techniques, et les replace à l'échelle de la vidéo finale. C'est une étape assez laborieuse et technique.
Ensuite vient le plaisir créatif de la mise en mouvement des objets inanimés. Le talent de l'animateur tient dans ses qualités d'observation du monde qui l'entoure. Il anime sur le rythme de la musique et de la voix off, si elle existe.
Le temps que prend la production de cette animation dépend de la technique employée (image par image, 3D, stop motion, etc.).
7. Le son et l'audio
Une fois l'animation terminée, il est temps d'y ajouter la touche finale, à savoir le design sonore, et la musique originale.
Ce sont deux éléments souvent oubliés lors de la réflexion initiale mais qui font vraiment toute la différence.
Le mixage final entre voix off, son, et musique est souvent établi par la même personne, à savoir le musicien, toujours supervisé par le réalisateur, qui veille à l'équilibre sonore global du film.
8. La diffusion
Votre vidéo est animée et mixée, il ne reste plus qu'à l'exporter pour qu'elle soit lisible par les plateformes de diffusion que vous avez choisies.
Selon que votre film soit diffusé en salle de cinéma, à la télévision, ou sur internet, les contraintes ne sont pas les mêmes : le fichier numérique vidéo d'un film diffusé en salle est illisible sur un lecteur de salon.
Si votre film est destiné aux internets, le format de compression classique est le mp4 et le fichier ne pèse alors que quelques dizaines de mégaoctets. Il suffit de le télécharger sur YouTube, Facebook, Vimeo, Instagram ou toute autre plateforme que vous jugerez utile...
...et d'apprécier le retour enthousiaste de vos spectateurs 🔥🤩.
Pour finir, voici le magnifique film d'Eran Hilleli, grâce auquel j'ai illustré mon propos, et qui mérite grandement qu'on y (re)jette un oeil :
Alexandre Soubrier est un motion designer indépendant qui se passionne pour l'illustration et l'animation. Il a créé le podcast Exquises Exquisses dans lequel il s'entretient avec des auteurs-illustrateurs, et produit ce blog.
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